mercredi 29 septembre 2010

Vivement l'avenir !

Vivement l'avenir, Marie-Sabine Roger, Édition du Rouergue, 2010.

4ème de couv. : "Dans les maternités, d'après moi, il n'y a que des princesses et des princes charmants, dans les petits berceaux en plastiques. Pas un seul nouveau né qui soit découragé, déçu, triste ou blasé. Pas un seul qui arrive en disant : plus tard je bosserai en usine pour un salaire de misère. J'aurai une vie de chiotte et ce sera super. Tra-la-lère"
Présentation éditeur : "Dans une petite ville de province, trois trentenaires paumés vont se rencontrer et prendre en charge un jeune homme handicapé physique et mental, considéré par tous comme un monstre."

La quatrième de couverture est bien plus parlante sur ce livre que le résumé de l'éditeur. Un résumé réducteur tant l'ouvrage recèle de trésors. Par contre je suis d'accord avec cette phrase :" Un roman chaleureux, drôle et d’une justesse rare". Quand je l'ai refermé hier soir, j'avais la banane. Une banane énorme...Le roman m'a un peu fait penser à Ensemble c'est tout de Anna Gavalda mais en mieux, avec moins de sentimentalisme, plus juste. J'aimais bien  cet auteur pour ses écrits jeunesse. Je la découvre avec plaisir pour les jeunes adultes (je n'aime pas le terme "adulescent" qui est réducteur et dépréciateur) et pour les autres... Gros coup de cœur....

mardi 28 septembre 2010

Jenna Fox pour toujours

Jenna Fox pour toujours, Mary E. Pearson, Les Grandes personnes, 2010.

"Ainsi reprend la vie de Jenna, 17 ans, amnésique, après un an passé dans le coma. Tant bien que mal, sous la houlette de ses parents, la jeune fille réapprend à être celle qu'elle a toujours été, une enfant adorée, vénérée. Pourtant, très vite, Jenna comprend qu'elle est bien plus que les faits et statistiques qu'on lui fait avaler. Plus que les vidéos qu'on lui fait regarder. Et avec les souvenirs apparaissent des questions, auxquelles personne ne veut répondre"

Roman pour ado intéressant avec un questionnement sur l'identité et sur ce qui fait de nous des êtres humains. Cela ne va pas assez loin à mon gout, mais  je pense que cela satisfera les ados. Même si l'on devine assez rapidement ce qu'il en est... le suspens reste entier. La maison d'édition qui vient de naitre visiblement a tout bon, un format original, des couvertures attractives et des histoires qui s'adressent aux "presque" grandes personnes ...

En vrac

Lus et appréciés diversement :



Une Affaire conjugale, Eliette Abécassis, Albin Michel, 2010.
"Huit ans de mariage. Des jumeaux. Et l’érosion du temps, l’ennui, la trahison remplacent la béatitude des premières amours. Elle constate que son mari ne l’aime plus. Seule issue : divorcer. Avec la lucidité et l’ironie féroces qui caractérisaient Un heureux événement, Eliette Abécassis scrute un jeune couple à la dérive et le revirement du sentiment amoureux."
Bof et archibof... bof, bof, bof ! mais je n'avais pas aimé non plus le précédent... Je ne vais pas m'acharner...

Ouragan, Laurent Gaudé, Actes Sud, 2010.
"Au coeur de la tempête qui dévaste la Nouvelle-Orléans, dans un saisissant décor d’apocalypse, quelques personnages affrontent la fureur des éléments, mais aussi leur propre nuit intérieure."
Pas mal du tout. Je ne connaissais pas cet auteur. Je l'ai découvert avec plaisir. Jai eu un peu de mal avec son écriture au début (très peu de chapitrage et l'on passe d'un paragraphe à l'autre à des personnages différents qui parlent tous à la première personne... Un peu déstabilisant ). Mais l'histoire vous tient et je n'ai pas été déçue... Juste triste mais je ne dirai pas pourquoi...;-)

Nagasaki, Eric Faye, Stock, 2010.
« Clandestine depuis un an. Il s’étonnait de voir des aliments disparaître de sa cuisine : un quinquagénaire célibataire des quartiers sud a installé une caméra et constaté qu’une inconnue déambulait chez lui en son absence. »
Le fait divers dont s'est inspiré l'auteur est pour le moins étonnant ... mais Eric Faye aurait pu aller plus loin, extrapoler et nous offrir autre chose qu'un fait brut sans véritable fin. Il a choisi de ne relater que les faits en ajoutant juste la réflexion qu'aurait pu avoir les deux personnages. Dommage, dommage ! Déçue par cette fin abrupte.

Plan social, François Marchand, Le cherche midi, 2010.
"Émile Delcourt, patron d’une usine de fabrication d’ancres de marine située à Valenciennes, est aux abois : les affaires sont si mauvaises qu’il n’a même pas les moyens de mettre en place, à l’instar des grandes entreprises du CAC 40, un « plan social ». Pourtant, il suffirait que le quart de ses salariés quitte l’entreprise pour que celle-ci survive. Comment se débarrasser du personnel superflu ?"
Roman totalement immoral ! Mais tellement drôle (dans le genre grinçant) ! Une vision qui parfois fait froid dans le dos et glace le sang car nous ne sommes pas si loin de certaines situations actuelles...
Pas de coups de cœur ? Non, parce que j'ai trop aimé "notre part des ténèbres" de Gérard Mordillat (2008) sur le même thème mais beaucoup (beaucoup) moins drôle...

Quand souffle le vent du nord

Après Houellebecq et Desarthe, je m'étais un peu renfrognée, déçue de cette rentrée littéraire, et puis sur ma haute pile à lire, une couverture a attiré mon œil. C'était :

Quand souffle le vent du nord, de Daniel Glattauer, Grasset, 2010.

"En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur ; Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement. Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre…"

Je me suis dis "une bluette", pourquoi pas ? Au moins cela ne risque pas de me décevoir puisque je n'attends généralement rien de ce genre de livre. L'histoire me faisait penser à "You've got a mail", le film de Nora Ephron avec Tom Hank et Meg Ryan (1998) (que j'adore bien sûr ;-). Pourquoi pas...
Et là, surprise ! C'était pas si mal, et même plutôt bien amené. Rien que des mails. Rien entre, avant ou après. Juste des mails et tout ce qu'ils suggèrent ou sous-entendent. Comme nos bons vieux livres de correspondance. Après tout le mail est le courrier postal d'hier pour beaucoup d'entre nous. C'est un livre intéressant à plus d'un titre, et même un coup de coeur car il étonne finalement par le déroulement de son histoire. Les personnages ne sont ni légers ni insouciants. Et puis la fin... ah ! la fin ! Coup de cœur donc ! Petit, mais coup de cœur tout de même !

mardi 14 septembre 2010

La Carte et le territoire

La Carte et le territoire, De Michel Houellebecq, Flammarion, 2010.

"Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. Avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux saisis dans l’exercice de leur profession. Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police."
Que dire sinon que j'ai lu ce livre pour me faire une idée (comme j'avais lu Sulitzer à une époque pour savoir si c'était si nul que ça...). Après l'avoir fini, une question subsistait : Pourquoi ?
Pourquoi cette pression médiatique autour de cet auteur. Il n'ébranle pas les structures du récit (ok ! Il se met en scène dans ses livres.. Et alors ? Est-ce que cela change quelque chose du point de vue du lecteur ? Non !). Il n'écrit pas mieux que les autres (même moins bien que certains d'après moi...). Ses histoires ne sont pas particulièrement intéressantes ni même prenantes (j'ai trouvé cela d'un ennuie ! Mais d'un ennuie !). Révolutionne t-il la littérature ? Pas à ma connaissance. Alors pourquoi ? Si vous avez une réponse (avec des arguments, cela va de soi !) je suis preneur.
Résultat après un samedi après-midi de perdu à lire ce "gros" livre (alors que j'avais le Marc Dugain en attente qui, soit dit en passant, est bien mieux à tout point de vue!) : Une déception à la hauteur de mes espérances ! Je n'ai pas aimé La Carte et le territoire, et je suis désespérée de voir l'intelligentsia littéraire encenser une fois de plus un auteur qu'elle apprécie en partie parce qu'il ne sera pas lu ni apprécié par le plus grand nombre. Le snobisme littéraire me laisse coite .
Au stade de ma réflexion, j'écrirais bien à Jourde et Naulleau pour qu'ils l'ajoutent à une future édition augmentée de leur Précis de littérature du XXIème s. (très bon livre, s'il en est, jouissif, hilarant et parfois tellement vrai ! A picorer sans modération)


Dans la nuit brune

Dans la nuit brune, de Agnès Desarthe, Édition de l'Olivier, 2010.

"Lorsque le petit ami de sa fille, Marina, meurt dans un accident de moto, Jérôme se retrouve plongé dans un désarroi et une douleur auxquels il ne s’attendait pas. Son ex-femme, Paula, refait surface, sa fille le quitte, il tombe amoureux d’une inconnue et un étrange commissaire de police à la retraite s’intéresse de (très) près à lui. L’histoire familiale de Jérôme est singulière. Né de parents inconnus, il semble avoir vécu dans les bois, comme un petit animal, avant d’être recueilli par ses parents adoptifs. "

Étrange. Étrange atmosphère. Belle écriture. Mais pas de coup de cœur. Un peu lent, mais cela tient sans doute au héros dont l'absence de souvenir nous poursuit... D'ailleurs j'ai été un peu déçu de ce point de vue là de l'histoire... Moui, un peu déçu en fait...

dimanche 12 septembre 2010

L'Insomnie des étoiles

L'Insomnie des étoiles, de Marc Dugain, Gallimard, 2010.

"Automne 1945, alors que les Alliés se sont entendus pour occuper Berlin et le reste de l’Allemagne, une compagnie de militaires français emmenée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. En approchant de la ville où ils doivent prendre leurs quartiers, une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d’un homme. "

Beau livre sur le sujet peu abordé qu'est le traitement des malades mentaux dans l'Allemagne nazie. Une belle écriture. C'est lent et c'est beau. Rien à dire si ce n'est que parfois c'est très lent ;-))

vendredi 10 septembre 2010

Prodigieuses créatures

Prodigieuses Créatures, de Tracy Chevalier, Quai Voltaire, 2010.

"Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces "prodigieuses créatures" dont l'existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d'un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d'hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l'accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d'une rivalité, elle reste, face à l'hostilité générale, leur meilleure arme."

Une vraie bonne surprise ! J'ai beaucoup aimé ce livre et le combat feutré de ces deux femmes pour que leurs découvertes et que leurs connaissances soient reconnues dans une société où seul l'homme avait le droit réfléchir et de s'informer.
C'est une belle histoire de femmes dans un monde moralisateur et codifié. L'alternance des chapitres et des personnages nous permet de suivre leurs pensées. Issues de milieux différents, elles vivent et ressentent de manière distincte un même fardeau : le regard d'une société fermée aux femmes sur deux "insoumises".
Mary Anning ressent d'autant plus ce regard qu'elle est pauvre. Elle le dit parfaitement d'ailleurs en ce sentant au milieu : pas tout à fait dans son monde et pas tout à fait dans l'autre : une âme solitaire mais passionnée.
Tracy Chevalier que je ne connaissais que par La Jeune fille à la perle (et encore je n'avais vu que l'adaptation cinématographique) m'a heureusement surprise. Un beau roman donc, bien écrit, agréable à lire.
Un coup de cœur !