mardi 14 septembre 2010

La Carte et le territoire

La Carte et le territoire, De Michel Houellebecq, Flammarion, 2010.

"Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. Avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux saisis dans l’exercice de leur profession. Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police."
Que dire sinon que j'ai lu ce livre pour me faire une idée (comme j'avais lu Sulitzer à une époque pour savoir si c'était si nul que ça...). Après l'avoir fini, une question subsistait : Pourquoi ?
Pourquoi cette pression médiatique autour de cet auteur. Il n'ébranle pas les structures du récit (ok ! Il se met en scène dans ses livres.. Et alors ? Est-ce que cela change quelque chose du point de vue du lecteur ? Non !). Il n'écrit pas mieux que les autres (même moins bien que certains d'après moi...). Ses histoires ne sont pas particulièrement intéressantes ni même prenantes (j'ai trouvé cela d'un ennuie ! Mais d'un ennuie !). Révolutionne t-il la littérature ? Pas à ma connaissance. Alors pourquoi ? Si vous avez une réponse (avec des arguments, cela va de soi !) je suis preneur.
Résultat après un samedi après-midi de perdu à lire ce "gros" livre (alors que j'avais le Marc Dugain en attente qui, soit dit en passant, est bien mieux à tout point de vue!) : Une déception à la hauteur de mes espérances ! Je n'ai pas aimé La Carte et le territoire, et je suis désespérée de voir l'intelligentsia littéraire encenser une fois de plus un auteur qu'elle apprécie en partie parce qu'il ne sera pas lu ni apprécié par le plus grand nombre. Le snobisme littéraire me laisse coite .
Au stade de ma réflexion, j'écrirais bien à Jourde et Naulleau pour qu'ils l'ajoutent à une future édition augmentée de leur Précis de littérature du XXIème s. (très bon livre, s'il en est, jouissif, hilarant et parfois tellement vrai ! A picorer sans modération)


1 commentaire:

  1. Mais dites-moi, MissPinpon, vous avez avec le Jourde & Naulleau de bien pieuses lectures!

    Pourquoi fait-on tant de cas de Houellebecq ?

    Parce-que c'est un écrivain. Son style n'est pas pauvre, mais extraordinairement dépouillé, jusqu'à une écriture blanche, neutre, qui est la marque d'un grand manieur de la langue. Son essai sur Lovecraft est ce que j'ai lu de plus magistral dans cette volonté de se débarrasser de toute affectation littéraire et intellectuelle.

    Parce qu'il a une vision du monde. Extension du domaine de la lutte illustre brillamment la façon dont la paupérisation matérielle s'est désormais redoublée d'une nouvelle forme de misère, sexuelle celle-ci. Il y a un nouveau capital, érotique, et dont nous sommes très inégalement pourvus.

    Parce qu'il a un sens du titre inouï. C'était vrai des Particules élémentaires comme ça l'est pour sa dernière livraison - la dialectique entre le monde comme donné et le monde comme perçu est fort intelligemment rendue dans la Carte et le territoire.

    Parce que, contrairement à ce que votre diatribe anti-intellectualiste laisse entendre, c'est l'un des rares auteurs qui ait grâce aux yeux des critiques qui ait aussi un succès public. Houellebecq, c'est l'assurance d'avoir du cul, et donc 400 000 ex. pour les seules sorties françaises.

    Enfin, parce qu'il a le talent d'horripiler les bibliophages de votre espèce, MissPinpon, qui ont le culot de mettre en exergue de leur délicieux blog littéraire un mot de la comtesse d'Albany dont vous aurez à me rendre compte lors de notre prochaine entrevue!

    Grosses bises myopes

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